Le Tai Jï Quan ou Tai Chi, la boxe du « fait suprême »
L’expression Tai Ji Quan se compose de trois idéogrammes, dont les deux premiers signifient littéralement « faîte suprême » et incluent à la fois des notions d’équilibre dynamique et de but à atteindre. Le troisième caractère, Quan, signifie « poing » ou « combat à mains nues », et incorpore la dimension des arts martiaux. Les trois caractères peuvent donc se traduire par combat suprême avec un adversaire ou avec soi-même. La notion de « faite suprême » est représentée par le célèbre cercle de l’équilibre dynamique des forces du Yin et du Yang.
Présentation
Dérivé des arts martiaux, le tai-chi est une discipline corporelle d’origine chinoise comportant un ensemble de mouvements continus et circulaires exécutés avec lenteur et précision dans un ordre préétabli. Il met aussi l’accent sur la maîtrise de la respiration. harmonierLa pratique vise entre autres à améliorer la souplesse, à renforcer le système musculosquelettique et à maintenir une bonne santé physique, mentale et spirituelle. Selon ses adeptes, grâce à son côté méditatif et à l’extrême précision des gestes, le tai-chi permettrait d’apaiser le mental et d’améliorer la concentration, la vivacité d’esprit et la mémoire. Il favoriserait aussi une meilleure prise de conscience de soi et de son environnement et contribuerait à harmoniser le Qi.
Une technique de combat secrète
Au cours des siècles, la société chinoise, régulièrement menacée par des guerres frontalières et intérieures, a développé une solide tradition martiale. Le Taï Ji était au départ une technique de combat transmise oralement, de maître à élève, dans le plus grand secret au sein de familles de paysans. Son origine demeure difficile à déterminer, histoire et mythe étant inextricablement liés. Toutefois, plusieurs auteurs accordent à Zhang Sanfeng, un moine chinois ayant vécu au XVIe siècle (ou peut-être au XIIe siècle), d’avoir créé les 13 postures de base du tai-chi.
On dit que Sanfeng se serait inspiré d’un combat entre un oiseau et un serpent pour concevoir les enchaînements. Le serpent aurait triomphé grâce à sa lenteur, à sa souplesse et à ses mouvements arrondis qui donnèrent peu d’emprise à son adversaire.
En pratique
Il existe plusieurs styles de tai-chi et plusieurs variations à l’intérieur de chacun d’eux. Certaines écoles visent surtout la prise de conscience de soi par une approche intérieure, tandis que d’autres favorisent les techniques de combat. La plupart des écoles ont toutefois abandonné leur intention martiale au profit du développement de la souplesse et de l’éveil du Chi (Qi).
Le nombre de mouvements dans un enchaînement complet varie de 24 à 48, et peut même atteindre 108 et 127, ce qui correspond à la forme originale du tai-chi. Il est cependant plutôt rare de trouver des maîtres qui enseignent selon les règles anciennes. La plupart ont réduit le nombre de figures afin de rendre l’entraînement plus accessible.
Le tai-chi est une vraie voie de développement et de connaissance de soi. Il nécessite persévérance, rigueur et assiduité si l’on veut bénéficier de ses effets positifs.
La prise de conscience du transfert, lent et précis, du poids du corps d’une jambe à l’autre et le jeu d’alternance des bras et des jambes concrétisent parfaitement la pensée chinoise basée sur l’équilibre dynamique des forces du Yin et du Yang.
Vlady Stévanovitch, qui a élaboré sa propre méthode, affirme que c’est en observant la position des mains que l’on peut déterminer la qualité des mouvements du pratiquant. Durant les enchaînements, ce sont les mains qui captent et dirigent le Chi afin que le corps trouve son appui dans le Tan Tien, le centre de gravité situé un peu en bas du nombril. L’essence du tai-chi réside dans la recherche de l’équilibre des deux pôles de l’énergie, le Yin, issu de la terre, et le Yang, issu du ciel.
Les principaux styles : En Chine, on reconnaît cinq grandes écoles, dont voici les trois plus importantes.
L’école Shen : Cette école, qui est la plus proche des techniques de défense traditionnelles, est très présente en Chine, contrairement à l’Occident où elle est encore méconnue. Elle a été fondée au début du XVIIe siècle par Chen Wan Ting, un militaire. Les mouvements combinent une force explosive qui vient de l’intérieur et qui rappelle le tonnerre, à un style extrêmement fluide, souple et mouvant.
L’école Yang : Elle est issue de l’école Chen et est la plus populaire en Occident. Son créateur Yang Lu Chan (1789-1872) a mis au point des mouvements beaucoup plus amples que ceux de l’école Chen.
L’école Wu: Elle est également peu connue en Occident. Wu Jian Quan (1870-1942), son créateur, a enseigné la technique à l’École militaire, puis à la Grande école d’éducation physique de Pékin. Son programme d’entraînement comporte des mouvements plus serrés et nécessite d’adopter un angle oblique tandis que les styles Chen et Yang se pratiquent le tronc droit.
A propos de l’Ecole de la Voie Intérieure ?
Vlady Stévanovitch, initié par Maître Kuo Chi, a transmis 3 formes de Tai Ji Quan de style Yang.
- La forme des 24 postures, forme courte d’une durée d’environ ¼ d’heure. Créée à la demande de Mao Tsé Toung, elle est issue de la forme des 108 postures de style Yang, pour en faire une gymnastique suffisamment rapide et efficace pour être pratiquée par les ouvriers avant leur journée de travail.
- Les 108 postures, d’une durée d’environ ¾ d’heure, et comportant 3 sections (l’homme, la terre, le ciel).
- Les 127 postures, appelées aussi forme secrète, d’une durée proche de 2 heures, et comportant elle aussi 3 sections. Elle a été révélée au public par Maître Wang Yen-Nien.